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MODULE 4 Diffusion de
la lumière - effet Raman
Préambule
La diffusion de la lumière par une
molécule diatomique obéit à des lois
bien précises. On distingue plusieurs processus de
diffusion. Parmi ceux-ci, on retrouve leffet Raman qui
met en cause des transitions entre divers niveaux
dénergie de rotation et de vibration. Quelles
sont les lois qui décrivent l'effet Raman? Quel est
lintérêt de cet effet pour la
connaissance des molécules?
Introduction
L'effet Raman résulte d'un processus
de diffusion de la lumière par les molécules.
Nous commencerons donc par étudier le
phénomène de diffusion normale avant de passer
à l'effet Raman. Notons dès maintenant que le
processus de diffusion de la lumière par des
molécules se distingue aussi des
phénomènes étudiés en
spectroscopie micro-onde (module 1)
et en spectroscopie infrarouge (module 2).
Dans ces derniers phénomènes, il y avait soit
absorption, soit émission de lumière. À
l'échelle de la molécule on dira qu'il y avait
soit absorption, soit émission de photon. Dans le cas
de la diffusion, comme le laisse supposer le mot, la
lumière est déviée de sa trajectoire au
moment où elle passe dans le champ
moléculaire. Sans entrer davantage dans les
détails de ce mécanisme d'interaction
molécule-photon, la diffusion est le résultat
d'une interaction de nature différente de celle
observée et étudiée en
spectroscopie.
Diffusion de la lumière
Nous étudierons d'abord la diffusion
de la lumière par un milieu trouble (un milieu
transparent contenant des particules), ce que l'on nomme
l'effet Tyndall. Nous verrons ensuite le même
phénomène lorsque ces particules sont des
molécules et finalement nous considérerons la
propriété de polarisation de la
lumière.
- Diffusion par un milieu trouble - effet
Tyndall
Le dispositif de l'observation
expérimentale est simple (figure 4.1). Un
faisceau de lumière incidente est introduit
à angle droit dans une cellule contenant
l'échantillon à étudier. Un
système de fentes permet de recueillir un mince
faisceau qui est ensuite envoyé à travers
un système dispersif. Ce système est
constitué d'un prisme ou, mieux, d'un
réseau. Un système d'analyse de la
lumière diffusée complète
l'appareillage. Ce peut être un écran
convenable, un système d'enregistrement
photographique ou un équipement
électronique plus élaboré permettant
une analyse beaucoup plus fine des observations, avec un
enregistrement de l'intensité diffusée en
relation avec la longueur d'onde.
Figure 4.1. Dispositif schématique pour
l'observation de la diffusion de la lumière.
L'observation ultramicroscopique de fines
particules (quelques nanomètres) est permise parce
que chaque particule diffracte dans toutes les directions
une partie de la lumière qui provient de
l'éclairage latéral. Si le nombre de
particules augmente, l'observation individuelle des
particules n'est plus possible, mais en même temps
la quantité de lumière diffractée
augmente; on dit alors que le milieu diffuse la
lumière.
Cette diffusion, appelée effet
Tyndall, a été découverte par John
Tyndall, en 1859, mais surtout étudiée,
quelques années plus tard, par Lord Rayleigh, qui
a proposé une loi reliant
l'intensité I de la lumière
diffusée et la longueur d'onde λ
de la lumière incidente :
Autrement dit, les courtes longueurs
d'onde sont diffusées de façon beaucoup
plus intense que les grandes (comme on peut l'observer
dans un précipité fin de chlorure
d'argent).
Si la dimension des particules devient
plus grande que la longueur d'onde, la réflexion
normale devient le phénomène
prépondérant et la loi de Rayleigh ne
s'applique plus. La lumière émanant du
milieu est alors de couleur blanche.
- Diffusion moléculaire
Les molécules étant de
petites particules, elles diffusent la lumière. Le
bleu du ciel est un exemple d'observation facile. Comme
le ciel est d'autant plus bleu qu'il est pur, on est bien
obligé d'admettre que ce sont réellement
les molécules d'air qui diffusent la
lumière. Les liquides diffusent également
avec une intensité beaucoup plus grande que l'air,
par suite du plus grand nombre de molécules par
unité de volume. Des relations
mathématiques lient également
l'intensité de lumière diffusée
à la masse moléculaire des particules. Ces
relations sont à la base de la mesure des masses
moléculaires des macromolécules.
Par ailleurs, d'autres
propriétés de la lumière sont
modifiées lors des phénomènes de
diffusion de la lumière. Il convient de
rappeler certaines propriétés
associées à un faisceau lumineux. En
général, une lampe quelconque produit un
faisceau de lumière couvrant une région du
spectre électromagnétique : le visible, par
exemple. On qualifie ce faisceau de lumière
blanche. À l'aide d'un système
dispersif comme celui rapidement esquissé dans la
figure 1, on peut sélectionner une longueur
d'onde et rendre le faisceau monochromatique. À ce
faisceau de lumière monochromatique est
associé un vecteur vibrant de manière
aléatoire dans diverses directions
perpendiculaires à la direction de propagation du
faisceau.
On peut polariser ce faisceau en
intercalant sur son parcours un cristal polarisant qui ne
laisse passer que les vecteurs vibrant dans une seule
direction (figure 4.2). Ce cristal, un prisme
de Nicol, jadis un spath d'Islande, appelé un
Nicol polariseur, est convenablement taillé
pour permettre cette polarisation. La lumière qui
sort de ce cristal est dite polarisée : le
vecteur vibrant est orienté dans une seule
direction.
Figure 4.2. Formation et observation de la lumière
polarisée.
Pour observer cette polarisation, on
ajoute sur le parcours du faisceau un second Nicol dit
analyseur. Ce cristal est tout à fait
identique au précédent sauf qu'il est
installé sur une bague qui permet de le faire
tourner autour de l'axe de propagation de la
lumière. Lorsque le plan de polarisation de ce
second Nicol est parallèle à celui du Nicol
polariseur, le vecteur vibrant du faisceau lumineux passe
à travers ce second cristal. Si, par contre, on le
fait tourner pour amener son plan de polarisation
à 90° du premier, le vecteur vibrant n'a plus
la possibilité de traverser ce second Nicol. On
observe alors une extinction de lumière. En
poursuivant la rotation de ce Nicol jusqu'à
180° on retrouve l'intensité lumineuse
initiale.
Si maintenant on fait tourner ce second
Nicol (C dans la figure 4.3) pour amener son
plan de polarisation à un angle α par
rapport au premier (B dans la même figure),
le vecteur vibrant n'a plus la possibilité de
traverser entièrement ce second Nicol. Seule la
projection de ce vecteur m'n', identifiée
par le segment pq sur le plan de polarisation du
second Nicol, traverse ce dernier. On observe alors
une extinction partielle de lumière : la
grandeur du vecteur est alors donnée par le
produit mn cos α, soit la longueur
du segment pq. En poursuivant la rotation de ce
Nicol, on observe une extinction complète du
faisceau à un angle α de 90°, suivie
d'une récupération complète de son
intensité lorsque l'angle atteint 180°, donc
lorsque les plans de polarisation des deux prismes de
Nicol sont de nouveau parallèles. Pour un angle α
quelconque, l'intensité de la lumière,
proportionnelle au carré de la grandeur du
vecteur, variera comme cos2 α. Ce
système constitue la base du principe de
fonctionnement du polarimètre.
Figure 4.3. Effet de la rotation du Nicol analyseur sur
l'intensité de la lumière transmise.
- Polarisation de la lumière
diffusée - particules sphériques ou
isotropes
De manière quasi automatique la
lumière diffusée par des particules
sphériques ou isotropes est complètement
polarisée si la lumière incidente est
polarisée. En d'autres termes, un système
quel qu'il soit ne peut dépolariser une
lumière polarisée. Si la lumière
incidente est polarisée, la lumière
diffusée l'est aussi.
Par contre, si la lumière incidente
est de la lumière naturelle (c'est-à-dire
non polarisée), la lumière diffusée
est partiellement polarisée. Le plan de
polarisation étant défini par la direction
des rayons incidents et la direction d'observation,
appelons H et V l'intensité de la
lumière polarisée perpendiculairement et
parallèlement au plan d'observation. Le rapport
H / V est appelé
facteur de dépolarisation.
On peut montrer que ce facteur varie comme
cos2 θ, où θ
est l'angle entre la direction des rayons incidents et la
direction d'observation (figure 4.4). À angle
droit du faisceau incident, la polarisation est donc
complète, car puisque cos θ = 0,
on a H = 0. Dans la direction du rayon
incident, on a cos2 θ = 1
et H = V; la lumière
diffusée est donc non polarisée. Entre les
deux directions, elle est partiellement
polarisée.
Figure 4.4. Observation de la diffusion de la
lumière.
- Polarisation de la lumière diffusée -
particules anisotropes
La diffusion par des particules
anisotropes conduit à une relation entre le
facteur de dépolarisation et θ qui
n'est plus aussi simple que la précédente.
Cette relation inclut les caractéristiques
géométriques de la particule. On peut donc
déterminer le degré d'anisotropie d'une
molécule en mesurant le facteur de
dépolarisation. Cette propriété est
utilisée dans le cas où l'on observe des
molécules de géométries
particulières comme, par exemple, des
molécules polymériques en forme de
bâtonnet. Ces applications sont évidemment
bien loin de l'objet de ce module et on ne décrira
pas ici les phénomènes et les
propriétés qui leur sont
associés.
Effet Raman - observation
expérimentale
Ce phénomène a
été prédit par Adolf Smekal en 1923, et
décrit théoriquement par les fondateurs de la
mécanique quantique (Heisenberg en 1925,
Schrödinger en 1926, Dirac en 1927). Il a
été observé expérimentalement
par le savant indien Sir Venkata Raman en 1928. Deux
chercheurs russes, Grigori Landsberg et Leonid Mandelstam,
ont aussi observé indépendamment et presque
simultanément cet effet. Malencontreusement,
l'Histoire n'a pas retenu le nom de ces derniers. Cet effet,
au contraire de la diffusion normale, fait intervenir les
propriétés internes de la
molécule. Examinons de plus près les
phénomènes observables.
On éclaire latéralement, au
moyen d'une raie monochromatique très intense, une
substance (diatomique ou polyatomique, mais nous ne
traiterons ici que le cas de la molécule diatomique).
On analyse au spectrographe la lumière
diffusée perpendiculairement à la direction
d'éclairement. En général, on utilise
l'une ou l'autre des raies intenses visibles et
ultraviolettes émises par l'arc au mercure
(253,7 nm, 404,7 nm ou 435,8 nm), isolées
au moyen d'un filtre approprié. On utilise aussi de
plus en plus des raies émises par des lasers
éclairant dans le visible, qui émettent une
radiation beaucoup plus monochromatique (par exemple un
laser à argon émettant à
514,5 nm).
Dans la lumière analysée, on
trouve une raie dont la longueur d'onde est la même
que celle de la radiation incidente. Cette raie est due
à la diffusion normale dont il a été
question plus haut.
En plus de cette raie, on en observe une
autre, beaucoup moins intense, décalée vers
les grandes longueurs d'onde (figure 4.5). Si la raie
excitatrice est très intense, et si on prend beaucoup
de précautions pour diminuer l'intensité de la
raie due à la diffusion normale, on observe de part
et d'autre de celle-ci une série de raies très
faibles approximativement équidistantes.
Figure 4.5. Spectre Raman de l'azote.
Dans le cas de HCl, l'intervalle de
fréquence Δ
entre la raie décalée et la raie excitatrice
est 2 886,0 cm-1. Par ailleurs, les raies
équidistantes sont séparées par 41,6
cm-1 en moyenne. Remarquons tout de suite que si
l'on reprend les constantes a, b et c
qui entrent dans les formules expérimentales des
spectres de rotation et de vibration (voir module 3),
on constate pour HCl :
2a = 2 × 20,60 = 41,20 cm-1
Δ = b
-
c = 2 937,30 - 51,60 = 2
885,70 cm-1
Ces nombres sont si voisins des nombres
tirés de l'effet Raman que l'on peut dire dès
maintenant que la raie éloignée est
certainement liée à la vibration de la
molécule, les autres raies étant liées
à la rotation.
Nous sommes donc en présence d'un
effet de diffusion de la lumière dans lequel il y a
interaction entre la lumière incidente et la
molécule. Puisqu'il y a variation de fréquence
de la lumière diffusée, il y a échange
d'énergie entre la radiation
électromagnétique et la molécule. Au
contraire, la diffusion normale se fait sans échange
d'énergie.
On peut comparer ces deux
phénomènes à une collision
élastique et à une collision
inélastique entre une masse en mouvement et une
autre, beaucoup plus grande et immobile. Dans la collision
élastique, l'énergie cinétique totale,
égale à l'énergie de la masse en
mouvement, est conservée. La masse en mouvement
repart avec la même énergie cinétique
qu'avant la collision; l'énergie cinétique
acquise par la masse immobile est négligeable.
Dans la collision inélastique, par
contre, l'énergie cinétique totale change lors
de la collision; l'énergie perdue ou acquise par la
masse en mouvement est associée à une
augmentation ou une diminution d'une même
quantité d'énergie, mais sous une autre forme,
par exemple l'énergie potentielle (interne) de la
masse immobile. Nous verrons qu'il en est de même dans
le cas de l'effet Raman.
Théorie de l'effet Raman
Considérons une onde
électromagnétique incidente de
fréquence ν, donc d'énergie
hc.
L'onde peut céder une partie de cette énergie
à la molécule; cette partie
cédée peut être employée à
faire passer la molécule de son niveau fondamental
vers l'un des ses niveaux excités. Si hc Δ
est l'énergie nécessaire, on aura une
lumière diffusée d'énergie E,
exprimée en cm1, telle que :
(4.2)
|
E = Δ
|
|
Comme Δ
ne peut prendre que des valeurs bien définies
correspondant aux sauts entre les niveaux d'énergie
de la molécule, la lumière diffusée
sera formée de raies.
Si la molécule passe du niveau de
vibration υ = 0 au niveau υ = 1,
l'énergie qu'il lui faut est :
(4.3)
|
|
|
Cas de HCl : Δ = ωe 2 ωexe = 2 988,9
2 × 51,6 = 2 885,7
cm1
On retrouve la valeur du déplacement
de la raie éloignée. Cette raie est donc bien
due à un échange d'énergie avec
transition de vibration. D'autre part, il y a diminution
d'énergie de la radiation initiale, donc diminution
de la fréquence, ce qui entraîne un
déplacement vers les grandes longueurs d'onde.
Une règle de sélection Δυ = ±1
interdit pratiquement les sauts à des niveaux plus
élevés que 1 à partir du niveau
fondamental.
On peut se demander pourquoi on ne pourrait
observer le processus inverse, soit une cession
d'énergie de la molécule dans l'état
υ = 1 avec passage de cette
dernière à l'état υ = 0.
On devrait dans ce cas observer une raie vers les courtes
longueurs d'onde, symétrique de la première.
Cette raie n'est pas observable parce que la population du
niveau υ = 1 est très faible
à la température ordinaire.
En effet, on peut montrer qu'à la
température normale, le nombre de molécules
diatomiques qui se trouvent avec une énergie
correspondant au niveau de vibration υ = 1
est, de plusieurs ordres de grandeurs, plus petit que le
nombre de molécules situées sur le niveau υ = 0.
Pour trouver une population significative du niveau υ = 1,
il faut que l'énergie nécessaire pour
atteindre ce niveau soit comparable à
l'énergie disponible à la température
de la molécule. On retrouve ce type de
conditions, par exemple, dans des molécules
diatomiques de masse réduite élevée,
tel l'iode I2, ainsi que dans certaines
molécules plus complexes. Dans ces cas les deux raies
sont observées, la raie décalée vers
les petites longueurs d'onde (ou les énergies
élevées), appelée raie
anti-Stokes, étant toujours moins intense que la
première, la raie Stokes
(Figure 4.6).
Figures 4.6. Transitions Raman de vibration.
De son côté, le spectre de raies
équidistantes (figure 4.7) est dû à
des transitions avec échange d'énergie entre
les niveaux de rotation. Comme plusieurs de ces niveaux sont
peuplés à la température ordinaire, on
observe des raies de chaque côté de la raie
excitatrice.
Figures 4.7. Transitions Raman de rotation.
L'intervalle des raies est le double de
l'intervalle observé dans le spectre infrarouge car
la règle de sélection est
différente :
En ignorant l'effet de la distorsion
centrifuge ou encore en posant D = 0,
l'énergie d'une raie quelconque est :
|
F(J + 2) -
F(J) =
B (J + 2)(J + 3)
- BJ (J + 1)
|
|
(4.5)
|
Δ(J + 2, J)
= F(J+2) -
F(J) = 2
B (2J + 3)
|
|
De la même manière, la
différence d'énergie entre les niveaux
J + 3 et J + 1
est :
Δ(J + 3,
J + 1) =
B (J + 3)(J + 4)
-
B (J + 1)(J + 2)
= 4
BJ + 10 B =
2B (2J + 5)
de telle sorte que la différence entre
deux raies successives est :
(4.6)
|
Δ(J + 3, J + 1) - Δ(J + 2,
J) = 2B [(2J + 5) - (2J + 3) ] = 4B
|
|
Cette relation permet d'obtenir la valeur de
la constante de rotation B et donc de calculer les
distances internucléaires (voir le tableau 1.2
du module 1). Avec
un appareil de grande dispersion, on obtient de la
même manière que pour les molécules
hétéronucléaires les constantes de
distorsion centrifuge D (tableau 4.1).
Tableau 4.1. Quelques
caractéristiques physiques de molécules
diatomiques homonucléaires.
Molécule
|
B (cm-1)
|
re (nm)
|
D (cm-1)
|
D / B
|
H2
|
60,853
|
0,074 144
|
0,0471
|
7,74 10–4
|
14N2
|
1,99824
|
0,109 768
|
5,76 10–6
|
2,882 10–6
|
14N º15N
|
1,9238
|
|
|
|
15Nº15N
|
1,8577
|
|
|
|
16O2 (υ =
0)
|
1,43768
|
0,120 752
|
4,839 10–6
|
3,366 10–6
|
16O2 (υ =
1)
|
1,4219
|
|
4,623 10–6
|
4,623 10–6
|
16O=17O (a)
|
1,3953
|
|
4,303 10–6
|
4,303 10–6
|
16O=18O
|
1,3579
|
|
4,965 10–6
|
4,965 10–6
|
16O2 (a1Δg)
(b)
|
1,4264
|
0,121 563
|
4,86 10–6
|
3,40 10–6
|
Cl-Cl
|
0,244
|
0,19879
|
1,86 10–7
|
0,762 10–6
|
35Cl-37Cl
|
0,2365
|
|
|
|
(a) : état
vibrationnel; (b) : état
électronique excité.
|
Ce tableau confirme bien qu'en
général la constante de distorsion centrifuge
est négligeable devant la constante de rotation
B.
Condition nécessaire à
l'obtention de raies Raman - polarisabilité
d'une molécule
La variation de moment dipolaire de la
molécule est une condition nécessaire pour
qu'un saut puisse se faire entre deux niveaux par absorption
ou émission spontanée, que ce soit en rotation
(module 1) ou en vibration
(module 2).
Mais dans le cas de l'effet Raman, ce qui est
requis est une variation non pas du moment dipolaire, mais
plutôt de la polarisabilité
de la molécule.
Si on soumet une molécule à un
champ électrique, on va assister à une
déformation du nuage électronique due à
l'action du champ; une radiation
électromagnétique possède un champ
électrique et produit donc cet effet. Cette
déformation entraîne l'apparition d'un moment
dipolaire induit; ce dernier est proportionnel à la
polarisibilité de la molécule.
Or, le nuage électronique n'a pas
exactement la même forme pour différents
niveaux de vibration. On peut imaginer que sa tendance
à se déformer sera également
différente. C'est le phénomène qui
constitue une variation de polarisabilité de la
molécule.
En raison de leur symétrie, les
molécules diatomiques homonucléaires ont un
moment dipolaire permanent nul. Cependant, leur
polarisabilité varie avec le niveau d'énergie
de vibration. Bien qu'elles n'absorbent pas dans
l'infrarouge, ces molécules présentent donc un
spectre Raman, tout comme les molécules
diatomiques hétéronucluaires.
Spectre Raman et spectre d'absorption
infrarouge
On pourrait croire qu'on obtient les
mêmes informations à l'aide des bandes
d'absorption de vibration pure et des raies Raman de
vibration. C'est partiellement vrai pour les
molécules polyatomiques (voir module 6).
Pratiquement, le spectre de rotation Raman étant
très difficile à observer, il est peu
utilisé et le spectre de rotation pure ou de
rotation-vibration reste la meilleure source d'informations.
L'effet Raman constitue cependant un complément non
négligeable dans l'étude des structures
puisque certaines transitions ne sont pas actives en
absorption infrarouge (molécules diatomiques
homonucléaires, par exemple) et qu'elles le sont en
Raman. L'inverse est aussi vrai : certaines
transitions actives en spectroscopie infrarouge ne le sont
pas en Raman.
La détermination des fréquences
de vibration peut se faire par l'une ou l'autre des deux
méthodes, complémentaires, la spectroscopie
Raman présentant certains avantages et
inconvénients par rapport à la spectroscopie
infrarouge.
Avantages du spectre Raman
Certaines vibrations sont
inactives dans l'infrarouge et actives en Raman (cas des
molécules homonucléaires diatomiques).
Le spectre Raman se trouve dans
une région spectrale (le visible ou le proche
ultraviolet) plus facile à étudier. En
fait, on peut le placer dans la région spectrale
que l'on veut.
L'appareillage est moins
coûteux, bien que l'introduction, là aussi,
de l'informatique, a atténué cet avantage.
Inconvénients du spectre Raman
A priori, toutes les
molécules sont susceptibles d'effet Raman.
Toutefois, les limites dans la sensibilité
(liée à la dispersion des spectrographes
utilisés dans le visible) et dans la
précision des observations reliées à
cet effet entraînent un nombre d'applications plus
restreint.
Expérimentalement, on
observe de grandes difficultés dans la mesure
d'intensité des raies. Comme celles-ci donnent
accès à des informations sur la
concentration des espèces, on conçoit que
l'effet Raman ne constitue pas une approche
généralisée ayant cet objectif.
La structure de rotation est
difficile à obtenir à cause de la
présence de la diffusion Rayleigh et aux
caractéristiques des sources lumineuses
employées. Cependant, l'introduction de sources
lasers monochromatiques a permis d'accroître
sensiblement les performances des appareils Raman
à ce chapitre, avec de manière concomitante
une augmentation des coûts.
Conclusions
L'effet Raman, un processus de diffusion de
la lumière par les molécules, obéit
à des exigences et donc à des lois
différentes de celles qui s'appliquent à
l'absorption et à l'émission. Cest la
variation de polarisabilité de la molécule qui
gouverne ce processus. Les règles de sélection
sont modifiées et lon a accès dans
certains cas à des informations non disponibles en
spectroscopie infrarouge.
Pour en savoir plus
Liens utiles
Une série de biographies, dont celle de Sir C. V. Raman : http://biography-of.com/c-v-raman.
Un court texte qui décrit de
manière simple l'effet Tyndall : Gibbs, P.,
Why is the sky blue?
http://www.math.ucr.edu/home/baez/physics/General/BlueSky/blue_sky.html.
Un site général en physique qui
contient beaucoup d'information sur de nombreux
phénomènes physiques. On trouvera en
particulier à l'adresse indiquée des
présentations sur la diffusion Rayleigh, ou
«Pourquoi le ciel est bleu?»
Contact : Carl R. (Rod) Nave, Dept of Physics and
Astronomy, Georgia State University, Atlanta, Georgia,
30303-3083, http://hyperphysics.phy-astr.gsu.edu/hbase/atmos/blusky.html
Il faut ajouter que ce site peut être avantageusement
utilisé comme glossaire (en anglais bien
sûr).
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